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ArtLab Carrefour de la Science et des Arts à l’EPFL

Trois espaces publics sous le même toit.

Kengo Kuma signe le bâtiment ArtLab, longtemps connu sous le nom de projet « Under One Roof », au coeur du campus de l’EPFL.

Long de près de 250 mètres, son toit d’ardoise recouvre trois espaces distincts, tous dédiés au dialogue de la science et de la culture.

Photos Michel Denancé

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Le bâtiment ArtLab et les programmes scientifiques qui lui sont associés déclinent sous plusieurs formes le dialogue que peuvent nouer la science et l’art.

Tout au sud, le Montreux Jazz Café at EPFL est dédié à la mise en valeur des archives du célèbre festival, inscrites au Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO. Responsable de la numérisation et de la conservation des enregistrements dans le cadre du Montreux Jazz Digital Project, l’EPFL a également mis au point des dispositifs d’écoute, de navigation et de visualisation des archives qui seront à la disposition des visiteurs. Le Montreux Jazz Heritage Lab II, notamment, permet de se plonger en immersion complète dans les concerts montreusiens.

Au centre du bâtiment, un vaste espace d’expérimentation muséale propose des expositions organisées conjointement avec l’EPFL. Lors de la première exposition intitulée Noir, c’est noir ?, les laboratoires de l’EPFL et les start-up qui en sont issues ont mis leurs recherches et leurs technologies au service d’une approche inédite des Outrenoirs de Pierre Soulages – faisant appel notamment à des caméras hyperspectrales. L’exposition souhaitait ainsi explorer les interactions de la lumière sur les oeuvres de l’artiste.

Tout au nord enfin, le DataSquare est dédié à une expositionde longue durée sur la thématique du big data, ici incarnée par deux grands projets scientifiques de l’EPFL: Blue Brain Project et Venice Time Machine. Ces deux projets, particulièrement complexes, partagent un même rapport aux données et un besoin de diffusion vers le public. Ces trois nouveaux espaces publics donnent une nouvelle vie au campus. ArtLab borde la Place Cosandey qui s’étend de l’Esplanade au Rolex Learning Center. Ce vaste espace est appelé à devenir un point de rencontre et de détente apprécié de la communauté, grâce
à une complète réorganisation en cours, comme l’exprime très bien l’architecte:

Ce vaste site nous offrait la possibilité d’implanter les pavillons en de nombreux endroits et dans diverses configurations. Finalement, nous avons décidé de réunir les trois pavillons nécessaires en un seul bâtiment, très long et étroit, capable de faire passer le site de l’état de vide dysfonctionnel à celui d’interface de connexion du campus: Le toit, de 250 mètres de longueur, abrite et accompagne le flot des étudiants qui marchent, plusieurs fois par jour, de l’Esplanade, au nord, à leurs résidences au sud. Les portiques ménagés entre les volumes, sous le toit, sont alignés avec la rue principale venant de l’ouest, conduisant aux parkings publics principaux, et avec la nouvelle avenue arborisée venant de l’est.

De la sorte, les portiques offrent une perméabilité à travers le bâtiment, de manière à rapprocher et relier les deux côtés du campus.Par la transformation du site en un lieu où étudiants, professeurs et visiteurs circuleront avec plaisir tous les jours, tout en profitant des activités culturelles qui prendront place sous ce toit, cet ensemble deviendra le nouveau centre du campus, et apportera une dimension sociale et culturelle supplémentaire à l’EPFL.
Kengo Kuma

Kengo Kuma & Associates

Kengo Kuma, né en 1954, suit des études d’architecture à l’Université de Tokyo avant de rejoindre Columbia University (New York). Il fonde le «Spatial Design Studio» en 1987 puis, en 1990, le bureau Kengo Kuma & Associates (KKAA), qui compte aujourd’hui plus de cent collaborateurs à Tokyo et plus d’une vingtaine à Paris. Kengo Kuma a enseigné à Columbia University, à la University of Illinois at Urbana-Champaign, et à Keio University, où il obtient également un doctorat en architecture en 2008. Il est actuellement professeur à la Graduate School of Architecture de l’Université de Tokyo, où il supervise des projets de recherche en architecture, urbanisme et design au sein de son propre laboratoire, le Kuma Lab. Sa vision entend redonner vie aux traditions architecturales japonaises et les réinterpréter pour le 21e siècle. Il aborde les matériaux de manière scientifique et les exploite de manière à conférer grâce et légèreté à ses projets. La pierre peut ainsi paraître aussi aérienne que du bois ou du verre.

« Un lieu, c’est l’aboutissement du travail du temps et de la nature, estime-t-il. Je pense que mon architecture encadre ces oeuvres, ce qui permet d’éprouver plus profondément et plus intimement la nature. La transparence étant l’une des caractéristiques de l’architecture japonaise, j’essaie d’utiliser la lumière et des matériaux naturels pour développer de nouvelles sortes de transparences. »

Plusieurs musées comptent parmi ses nombreuses réalisations au Japon et dans le monde, y compris le Nezu Museum de Tokyo ainsi que la Cité des Arts et de la Culture de Besançon et le Fonds régional d’art contemporain (Frac) de Marseille, tous deux ouverts en 2013. Le bâtiment ArtLab (nom de projet : Under One Roof) est sa première réalisation en Suisse. Aux côtés de David Chipperfield, Kengo Kuma est également le vice-président du jury supervisant le concours d’architecture de la phase 2 du projet «Plateforme 10» (anciennement Pôle muséal vaudois).

 

 

Voir la présentation complète sur DYOD

 

Bruno Angiolini: Rédacteur en chef, il bénéficie d'une expérience de plus de 20 ans dans la rédaction et l'édition dans les domaines de l'Architecture et de la Construction. Issu d'une formation professionnelle rigoureuse (ingénieur HES), Municipal des constructions et de l'urbanisme, il connaît parfaitement le monde de la construction romande.
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